« Quelles sont vos conclusions, docteur ? »

Demanda Luthor à un scientifique visiblement nerveux d'avoir le grand patron à portée de main. Le seigneur de Metropolis avait rencontré Superman la veille et ordonné l'examen du verre d'alcool que ce dernier avait dégusté. Bien entendu, il n'avait donné aucune information concernant le lien reliant le récipient en cristal et le surhumain local. Le savant déglutit, sachant que sa réponse déplairait au tyran.

« Les recherches concernant les empreintes sont non concluantes. Toutes les bases de données de la police, du bureau fédéral et des autres organisations n'ont rien donnés. La personne que vous recherchez n'a aucun casier judiciaire. »

Superman n'a donc rien d'un criminel. A moins qu'il n'ait jamais été interpellé ce qui, en voyant ses capacités, ne serait pas étonnant. Cette nouvelle, bien que prévisible, attrista Lex. Avec la preuve du passé criminel de Superman, il aurait été aisé de le descendre de son piédestal doré. Voyant le visage mécontent de son patron, le scientifique recula prudemment d'un pas puis, reprenant espoir, lui montra une fibre d'ADN en trois dimensions.

« Son ADN ne correspond à rien de connu. S'il est globalement humain, il est trop différent en de nombreux points. Je n'ai jamais rien vu de comparable. »

« Il n'est donc pas humain. Exact ? »

« Difficile à dire. Je dirai... mutant. »


Trois jours plus tard,

Les recherches acharnées de Luthor lui permirent de déduire que Superman est un extraterrestre provenant de la lointaine planète Krypton. Grâce à son radiotélescope utilisant la puissance énergétique d'un xénominerai verdâtre, le "partenaire" du héros local peut observer presque n'importe quel point dans l'espace et dans le temps avec une inconcevable précision. Ah ! Que d'heures passées à regarder la formation de systèmes solaires entiers, à étudier les premières formes de vie apparaissant sur une planète jusqu'à en devenir une civilisation interstellaire. Avec un tel appareil à sa disposition, Luthor a l'impression d'être une divinité omnisciente. Cette observation d'ordre cosmique est à l'origine de la plupart des inventions de la Lexcorp. Des millions de terriens utilisent des technologies copiées par le multimilliardaire à des civilisations vieilles de plusieurs millions d'années. C'est son plus grand secret, son chef-d’œuvre personnel. Lui seul est au courant de son existence.

Alors, évidemment, suspecter Superman d'être un extraterrestre fut une raison suffisante pour fouiller la voûte céleste en quête de son foyer. Et voici que Krypton est le candidat idéal. Population humanoïde curieusement similaire aux êtres humains et arborant, pour la plupart, le même blason que le S magistral ornant le torse du soi-disant protecteur de Metropolis. L'étude de cette planète, désormais en pièces détachées, fut intéressante mais pas assez pour expliquer les capacités surhumaines de Superman. Aucun de ces aliens ne semblent aussi puissant physiquement que lui. Alors pourquoi cette différence ? Après mures réflexions, Lex en déduit que l'environnement de sa planète d'origine est tellement écrasante qu'un séjour dans notre système solaire est une cure de jouvence. Au contraire, un Terrien sur Krypton pourrait ne pas y survivre. Ainsi, pour mieux comprendre le fonctionnement interne du nouveau Monsieur Metropolis, le multimilliardaire souhaita lui faire subir toutes une batterie de test.

Sept hommes entrèrent dans la banque, la plus importante de la ville. Costume-cravate, lunettes de soleil, rien d'anormal chez eux à part qu'ils semblaient nerveux. Ils s'approchèrent tranquillement des gardes de la sécurité et des guichets puis, sans crier gare, s'attaquèrent aux gardiens ainsi qu'aux employés disposant d'un système d'alarme silencieux. En moins d'une minute, les malfrats furent maîtres de la situation. Vous allez me dire que prendre d'assaut la plus grosse banque d'une telle métropole est un pari risqué, que c'est suicidaire. C'est vrai sauf si on suit à la lettre le plan établit par un génie. Et c'est ce que ces hommes ont fait. Une parfaite coordination et un sang-froid presque exemplaire, le casse du siècle. Enfin presque. Luthor n'a pas préparé ce plan ingénieux pour qu'il soit parfait. Non. Quel intérêt de commettre une attaque de banque à part appâter un très gros gibier ? Si son plan aurait été parfait, une équipe de grand-mères suffirait à faire tomber Wall Street. Cette bande de minables furent donc loin de se douter que leur chef, ayant gardé l'anonymat, ait volontairement omit une seule alarme silencieuse pour que la police soit alertée. « Tout le monde face contre sol ! » Alors que les bandits s'attaquaient à la porte du coffre fort tout en gardant leur otage en joue de leur arme lourde, les forces de police se ruèrent dans leur véhicule et foncèrent vers la banque. En moins de six minutes, les criminels eurent terminé leur cambriolage et se préparèrent à quitter la banque mais dès qu'ils sortirent du bâtiment, ils virent avec effroi le débarquement massif des voitures de police qui bloquèrent la route. Presque aussitôt, les ravisseurs ouvrirent le feu sur les policiers, tentant de forcer le passage jusqu'à leur véhicule stationné à quelques mètres de leur position. Malgré la puissance de feu de leur équipement, ils ne purent percer la défense mise en place par les fonctionnaires de police. Quatre policiers et deux criminels tombèrent sous le déluge de balles. Les cinq derniers cambrioleurs battirent en retraite dans la banque et s'y barricadèrent. Le chef du groupe prit son téléphone et contacta leur commanditaire. « On est dans la merde ! Les flics nous ont coincés ! Qu'est-ce qu'on fait ?! » « Du calme. Vous avez des otages, servez-vous en pour que la police reste sur ses positions. Je vous envoie des renforts. » Répondit calmement Luthor en savourant le parfait déroulement de son véritable plan. Les loups sont dans la bergerie. Il ne reste plus qu'à attendre l'arrivée du berger. De leur côté, les loups paniqués en costume sombre regroupèrent leurs otages et appelèrent les policiers. Ils sont prêts à faire couleur le sang des innocents s'ils suspectent la moindre intervention policière et ont demandés la présence d'un négociateur pour gagner du temps.

Le minuscule box dans lequel Clark Kent travaillait au sein du Daily Planet avait tout de la cage à lapin, surtout pour un homme de son envergure physique. Il fixa la carte de Metropolis affichée au mur juste derrière son ordinateur puis le tableau de liège juste à côté sur lequel il avait punaisé une grande quantité de post-it en tout genre. Il sentit une certaine agitation autour de lui et leva la tête en regardant par-dessus son box. Ses collègues journalistes se levaient tous aussi pour accourir vers la télé située entre les deux machines à café de l’étage. Clark les rejoignit à son tour et fixa l’écran : des hélicos de presse filmaient la grande banque de Metropolis, des voitures de polices encerclaient le bâtiment en nombre. Tout semblait confus, des ambulanciers emmenaient des corps sur des brancards. Un officier de police hurlait en direction de la banque avec son haut-parleur.

Kent tourna sa tête en direction de la banque, écoutant attentivement les sons avec sa super ouïe. Il décela les cris, des détonations de tirs en l’air provoqué par les braqueurs pour intimider les forces de l’ordre et les empêcher d’approcher le bâtiment. Il perçu les plaintes et les supplications des otages, il sentit les propos furieux des policiers qui sentaient cette situation dans l’impasse et bien partie pour durer.

Clark s’éclipsa prudemment pendant que ses collègues observaient tous le reportage en direct. Il disparut dans un cagibi réservé aux produits d’entretien comme il le faisait à son habitude quand un danger survenait. Ses mains ouvrirent sa chemise, dévoilant un grand S rouge sur fond jaune. En moins d’une minute quelque chose fusait hors de l’immeuble du Daily Planet à une vitesse supersonique. Superman traversa les cieux en moins de temps qu’il ne faut pour le dire pour se diriger vers la banque.

Devant celle-ci un négociateur venait enfin d’arriver. Il se posta à quelques mètres de l’entrée et interpella l’un des braqueurs qui se dissimulait prudemment derrière les portes en jetant un discret coup d’œil de peur de se faire sniper.

« Nous voulons un hélico pour nous faire évacuer ! »

« C’est impossible, nous n’en avons aucun de disponible, surtout en si peu de temps ! »

« Alors vous ne servez à rien ! »

Il sortit brusquement de sa cachette et lança une rafale de tir vers l’infortuné négociateur, à ce moment-là Superman tomba du ciel en laissant un mini cratère sur le bitume et fit rempart de son corps pour protéger la victime qu’il saisit dans ses bras et il s’envola précipitamment pour le mettre à l’abri derrière une voiture de police. L’officier en charge de toute l’opération qui avait suivi la scène clama :

« Superman est avec nous ?! Alors on peut y aller ! Convergez vers la banque ! »

Quelques commandos du SWAT foncèrent armes au poing vers l’entrée ou s’affichèrent 3 des braqueurs qui vidèrent chacun un chargeur entier de leur fusil d’assaut sur le groupe, mais ils n’eurent pas l’occasion de toucher quelqu’un. Superman venait de soulever une voiture de police et de s’interposer entre les deux groupes avec. Tous les impacts de tirs percutèrent la voiture dont le héros se servait comme un bouclier.

« Reculez ! N’intervenez pas ! Pensez aux otages ! »

Face à la fureur de Superman, les commandos de police reculèrent sans insister et revinrent se mettre à l’abri derrière le barrage de véhicule. Les braqueurs quittèrent l’entrée pour se réfugier à nouveau dans la banque. Le kryptonien s’approcha du responsable policier et lui dit :

« Malheureusement je ne peux intervenir à l’intérieur de la banque sous peine de provoquer la mort des otages. Comprenez que je ne peux à la fois neutraliser l’ensemble des braqueurs ET protéger ces pauvres gens de leurs tirs. Il va me falloir quelqu’un pour m’aider. »

« Mais qui donc ? »

« Sachez qu’il existe un héros dans cette ville qui contrairement à moi veille sur Metropolis en secret, par modestie évidemment. »

« Ah oui ? Qui donc ? »

« Lex Luthor évidemment. Prenez un téléphone, appelez la LexCorp, exigez de parler à Luthor pour raison de sureté et passez le moi. »

« Mais pourquoi un homme dans sa position accepterait-il de vous parler ? Sauf votre respect, à ses yeux vous devez être un clown en costume. »

« J’ai eu la chance de le rencontrer une fois en m’installant ici et j’ai pu échanger avec lui, il a à cœur le bien de la ville. »

Et donc peu après le flic tendit à Superman un téléphone numérique qui le mettait immédiatement en liaison avec le directeur de la principale société de Metropolis.

« Mr Luthor, c’est Superman, pardonnez-moi de vous déranger mais l’heure est grave, je suis sûr que vous suivez la catastrophe aux infos télé comme la plupart des gens. Une dizaine de personnes sont retenues en otage par des criminels et ils ont exigés un hélico pour s’enfuir. Hors la police n’en a pas à disposition pour eux pour l’instant à ce que j’ai cru comprendre et on risque de perdre un temps fou à en obtenir un, la LexCorp peut-elle leur fournir un de ses hélico en urgence ? Une fois qu’ils auront ce qu’ils veulent ils laisseront leurs otages et je pourrais m’occuper d’eux dans le ciel car j’ai l’avantage. Vous pourriez aussi vous adressez à eux pour tenter de négocier ? Moi ils ne m’écouteront pas, mais un homme de votre envergure, ils seront obligés de prendre en compte ce que vous dites en pensant que vous êtes leur seule porte de sortie. »

Des coups de feu retentirent, une voix de criminel se fit entendre depuis les portes :

« On commence à se lasser, on va commencer à buter des otages ! »

« Mr Luthor, rappelez-moi au plus vite pour me tenir au courant, je garde ce téléphone numérique sur moi pendant toute l’intervention, il se peut que je vous rappelle pour votre aide et vos conseils à diverses occasions. »

Il raccrocha et eut soudain une idée. Il s’approcha des caméras de presse et saisit le micro d’un reporter.

« Je sais que cette ville regorge de héros masqué qui n’osent pas encore se montrer au grand jour. L’heure est grave, venez m’aider, non venez nous aider moi et la police, il s’agit de sauver des vies. Ma force n’est rien sans l’aide d’un justicier encore plus précis et plus habiles, si vous m’entendez, venez m’aider, je vous attends. »