La Lexcorp voit rouge (Jason Todd)

Jonathan Reiner observait silencieusement la scène du crime ou, du moins, une partie de celle-ci. Les victimes furent trop nombreuses et trop éparpillées pour avoir une vision d'ensemble des combats s'étant produit dans cet entrepôt appartenant à la Lexcorp. Plusieurs gardiens de nuit avaient perdu la vie en essayant de s'opposer au ravisseur. La plupart semblaient avoir été occis par surprise et le reste en tentant vainement de le poursuivre. Les policiers n'étaient arrivés qu'après que le massacre se soit achevé et se contentaient de constater les dégâts. La police scientifique relevait les empreintes, les impacts de balles, la position des corps, de nombreuses photos et bien d'autres détails pouvant les aider dans leur enquête. Des agents de la sécurité de la Lexcorp étaient aussi présents pour veiller à répondre aux questions des forces de l'ordre mais surtout pour mener leur propre enquête et s'assurer qu'aucune caisse de matériels ne disparaisse.

L'ancien inspecteur de la brigade criminelle Reiner s'éloigna du cadavre poignardé dans le dos d'un gardien et prit son téléphone en main. Il sentait le regard de ses anciens collègues se pose sur lui. Tous ces yeux exprimant une vive déception. Pourquoi un si brillant officier de police a t-il quitté le métier pour entrer dans le privé ? Pour l'argent. C'est bien triste mais Jonathan préfère s'acheter une collection de monstres suisse plutôt qu'en recevoir une vulgaire plaquée or pour sa retraite. Il contacta l'homme qui lui avait fournit des laisser-passer officiels lui permettant d'aller où bon lui semble sur cette scène du crime. Nul doute qu'un tel contact dispose d'assez d'influence pour forcer un procureur de signer ce genre de document.

« Parlez. »

« Monsieur, il s'agit du Red Hood. »

« Suis-je supposé le connaître ? »

« Le Red Hood est un criminel notoire de Gotham City. C'est un sorte de légende locale, un poste à pourvoir. Il y en a eu plusieurs au cours des dernières décennies et c'est le dernier en date qui est responsable de cette attaque. »

« Qu'est-ce qui vous fait croire cela ? »

« Son modus operandi est le même que les autres scènes du crime dont il est impliqué. Et puis, ce sont surtout les quelques secondes d'apparition sur les enregistrements de vidéo-surveillance qui prouvent son implication. »

« Hmm... Et qu'a t-il volé ? »

« D'après l'inventaire, il s'est emparé d'armes, d'explosifs et divers appareils d'espionnage. »

« Bon travail. Je veillerai à vous récompenser comme il se doit dès que ce voleur cessera d'exister. »

« Monsieur, si je puis me permettre, mes hommes et moi pouvons nous charger de lui. Les Red Hood ne sont que des épouvantails destinés à effrayer le grand public. La plupart d'entre eux ont été appréhendés facilement. Celui qui vous a volé ne doit pas être très différent de ses prédécesseurs. Il a beau savoir se servir d'une arme, il est seul et se sert de la popularité des Red Hood pour commettre ses méfaits. La réussite de l'attaque de l'entrepôt est surtout dû à une importante planification. Il sera prit au dépourvu si on prend par surprise dans sa planque. Je vous l’amènerai sur un plateau d'argent, pieds et poings liés, dès demain matin. »

« Très bien mais contentez-vous de le tuer. »

Quelques heures plus tard,

Par chance, certaines des technologies volées par Red Hood disposaient de composants émettant un faible signal pouvant être repéré avec le matériel de pistage adéquat. Jonathan et cinq anciens policiers se mirent à la recherche de ce faible signal. Détecteur en main, ils sillonnèrent Gotham en voitures jusqu'à trouver un appartement abandonnée de l'East-End. Les six hommes, habillés en imperméable, entrèrent dans la vielle bâtisse, l'arme au poing. Sans un mot et progressant sur la pointe des pieds, la demi-douzaine de mercenaires montèrent les quelques étages du bâtiment. Malgré leur prudence, certaines marches en bois se mirent à craquer faiblement sous leur poids. Qu'importe, ce Red Hood n'a probablement pas le sommeil léger. Ils vont sûrement le surprendre dans son lit, sourire aux lèvres, et le truffer de plomb avant même qu'il ait le temps de comprendre qu'il a commit une grave erreur en s'attaquant à la Lexcorp.

L'aiguille de l'appareil de détection frétilla avec une rare intensité quand ils arrivèrent au dernier étage du petit appartement. Les six hommes se mirent en place, comme ils l'avaient fait des dizaines de fois quand ils étaient commandos dans la police, prêts à enfoncer la porte et se ruer comme un seul homme à l'intérieur. D'un signe de la tête, Reiner donna le signal de l'assaut. L'un de ses collègues enfonça la porte d'un coup de pied et entra le premier.

La LexCorp voit Rouge

EAST END NORTH, GOTHAM CITY
10:04 PM

Tel un prédateur venant d'abattre sa proie, je retirai la lame de mon Kris qui avait complètement disséquée la trachée de ma victime. Ce soir, c'était un véritable bain de sang. Cela faisait plus d'une semaine que j'éliminais des membres importants de la pègre. Des membres influents, qui avaient un bon contrôle de chacun de leur quartier respectif. Ce n'était qu'une question de temps avant que la pègre ne tombe sous mon contrôle. Il me fallait de me bâtir une réputation et pas n'importe quelle. Devenir la crainte des criminels. Contrôler le crime de la ville, dans son ensemble. Je ne suis pas un psychopathe ou un terroriste ou une merde dans le genre. J'amène la justice à Gotham d'une manière différente de ses supposés "héros". J'amène la justice que Gotham mérite réellement.

Des corps sanglants errant en dessous de mes pieds. Un carnage. J'avais accompli cette scène en moins de dix minutes. Pour quelles raisons ? Des trafiquants d'armes. Du gros calibre, signée LexCorp. Du gros calibre prêt à être vendu dans les rues de Gotham. Du gros calibre à faire baver les petits truands du coin. Mitraillettes, grenades, lance-roquettes... Un armement pour mener une guerre, carrément. La marchandise avait été livrée par des mercenaires. Aucun d'entre eux n'avaient, la moindre information sur leur contact. Celui-ci se la jouait de façon anonyme. Cependant, ces armes, m'appartenaient à présent.

Niveau armement, je n'ai jamais eu de réels problèmes. Avec les finances de Talia et de son achat des industries Kord, je ne pouvais espérer mieux. Seulement toute bonne chose à une fin. Et avant que cette fin arrive, il me fallait une roue de secours. LexCorp. Une entreprise prospère et en expansion. Je n'avais pas tué ces mercenaires sur les docks, seulement pour m'approprier la marchandise de LexCorp, mais bien pour envoyer un message. C'est moi qui contrôle le crime. Je suis le crime. Et qu'elle est la meilleure façon de faire passer un message ? Des cadavres. Plus il y a de cadavres et plus l'impact du message sera important.

« T'es... T'es... Un homme... Un homme mort. » Une voix faible, à moins d'un mètre de ma position. Un homme ensanglanté, qui avait survécu à mon massacre. Je m'approchai d'un pas léger vers celui-ci. « Il... Il va... Il va te retrouver. Il va... Il va te tuer. » Cette remarque me fit ricaner de façon caustique. Je m'accroupis tout près de lui, avant d'approcher mon poignard tout près de son minois, dévoilant cette lame intimidante à la vue. « Me tuer ? Mais je suis déjà mort. » J'enfonçai sèchement mon poignard dans son globe oculaire gauche, enfonçant la lame profondément pour le tuer sans tarder. Une mort vachement endolori. Les flics allaient bientôt répliquer, j'devais me tirer.

Chargeant une camionnette noire de la marchandise provenant de la LexCorp, j'effectuai une légère vérification du véhicule pour ensuite arracher la plaque d'immatriculation. J'allumai ensuite l'engin pour finalement me glisser telle une ombre dans les rues moroses de Gotham.

EAST END SOUTH, GOTHAM CITY
02:40 AM

Un sommeil introuvable, j'étais assis dans un vieux canapé, nettoyant mes flingues et tentant de me perdre dans mes pensées. La nuit semblait longue dans son ensemble et un peu de repos me serait plus que bénéfique, mais mon plus grand ennemi ces jours-ci, était l'insomnie. Ironiquement, je me sentais comme un mort-vivant, errant dans cette ville opaque, à la recherche d'un casse-croûte. Je vivais tel un nomade. Fréquentant de planques en planques, tel un véritable clochard. C'était la meilleure façon pour ne pas se faire retracer facilement, mais ce soir, j'avais été négligeant. Des détecteurs de mouvements, placés à de différents endroits autour du bâtiment où je me trouvais, captèrent la présence de plusieurs individus. Ceux-ci ne venaient sûrement pas pour prendre une simple tasse de thé.

Agrippant deux .44 se trouvant sur la table en face de moi, je me levai pour aller regarder par la fenêtre et remarquer plusieurs voitures stationnées à l'extérieur. Ils étaient nombreux, mais ce n'était pas un problème, loin de là. Je me positionnais au troisième étage de cette immeuble désaffecté. Chargeant mes flingues, j'enfilai mon casque rouge et je me tins prêt. Prêt pour me dégourdir les jambes. La porte de mon appartement vola en un éclat et les individus vidèrent leur chargeur dans la pièce. Après que la fumée fut dissipée, une grenade glissa près des pieds des hommes armés avant d'explosé énergiquement. Alors que j'étais caché dans la baignoire de la salle de bain, à l'opposé de la pièce, l'explosion fut si importante qu'elle avait pratiquement éradiquée le salon et la cuisine au complet. D'un geste rapide, je filai à toute vitesse dans la pièce adjacente, vidant les chargeurs de mes flingues sur les hommes qui restaient. C'est le temps de se la jouer Rambo.

Spoiler:

« Bordel... »

« Ah... Le sale fils d... ! Merde ! Je crois que... j'ai une côte pétée. »

« Reiner ? Des nouvelles à m'apporter ? »

« Il... nous attendait. Mes hommes sont morts, j'ai mal partout et... je suis incapable de me mettre debout. Envoyez des renforts, monsieur. Vite !

Non. Compte pas sur moi pour implorer ta clémence !

Plutôt crever ! »

« Reiner ? Allo ? Répondez. »